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L’Art-vues a lu : « L’exil est une histoire aux nombreuses pages » et « Poèmes du bout du monde » de Patricio Sanchez-Rojas, par BTN

12 Nov 2024 | L'Art-vues a lu, Livres

Deux recueils de poèmes en quelques mois — L’exil est une histoire aux nombreuses pages (Editions de l’aigrette) ; Poèmes du bout du monde (Editions Unicité) — l’auteur, d’origine chilienne Patricio Sanchez-Rojas, est décidément prolifique.

Le premier se place sous l’égide d’Eluard (la femme et la poésie se superposent au pays quitté : « Mon pays natal sera toujours une femme »), d’Apollinaire le cosmopolite (en particulier les passages « parisiens » : « Est-ce offensant de questionner/un cul-de-jatte/Quand son optimisme/ nous pousse/à marcher/et à parcourir la ville ? ») et de Pablo Neruda, le prix Nobel du Chant général, cet autre exilé du Sud Amérique, son compatriote. Répartis en 11 séquences de 2 à 19 textes, les poèmes sont plutôt courts ce qui crée un climat de spontanéité propice à l’intimité, à l’instar de confidences, sur un peu tous les sujets de la poésie traditionnelle : l’amour (« Deux corps : l’un de lave, l’autre de feu ») les mystères de la création (« Je suis prêt à penser/que tout ce que j’écris m’est dicté/par une autre personne »), les combats et colères (« Pendant que j’écrivais ce poème/un banquier anglais/a doublé ses gains/en jouant à la bourse », la condition humaine, la relation du poète à la Nature, les espérances, la nostalgie de la terre ancestrale (« Je cherche un araucaria/qui me raconte l’histoire/des oiseaux de lave/en Patagonie »), les souvenirs, de la mère notamment, les lectures et les maîtres. Les vers, libres, sont courts – Patricio Sanchez-Rojas laisse libre cours au vers libre -, on pense à de la prose chuchotée dont les pauses, douces, miment la recherche de l’expression juste, les tâtonnements de l’inspiration. Vers la fin, les vers laissent place à des phrases assertives. comme des vagues océanes, dont certaines confinent à l’aphorisme (« Tout miroir porte la trace d’un moai de cendre« ). C’est que l’exil a fourni au poète une source d’images et de pensées, inépuisable, qui suinte dans la lave, mobilise le Pacifique et agite les colibris du pays perdu. Partant a fait de lui ce qu’il est devenu : un poète.

Le deuxième recueil est bien plus mince en volume. Il semble la suite logique du précédent. Les poèmes, cinq + 4 Oubliés, y sont plus longs et plus aérés encore. Un vocabulaire s’impose (on y reconnaît la salamandre, les dauphinsla cendre des volcans…) spécifique au poète, et qui dessine une singularité que l’on finit par reconnaître entre mille. C’est la marque des grands. Un texte retient notre attention, l’Autobiographie d’une bouteille, inspiré d’une nature morte de François Boisrond. Une manière de mêler tradition et modernité. Et aussi d’établir des passerelles entre Art et Poésie.

BTN

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