Jusqu’au 22 septembre, le Mrac de Sérignan profite de l’olympisme estival, pour s’intéresser aux sports émergents. C’est le sens de cette Performance, qui nous accueille, tandis que le skate est à l’honneur à l’étage, même si le titre Fortuna, emprunté à Goethe, ne le laisse pas de prime abord deviner.
Le rez-de-chaussée est riche d’allusions à l’escalade (pratiquée par Suzanne Hetzel, laquelle s’immisce dans les parois ; la montagne allégorique de Laurence Aêgerter), au breakdance (mouvements quasi picturaux, de danse, selon Nestor Benedini ; corps liminaux en 3D, spectraux, de Céleste Rogosin), ou skateboard (Robin Tutenges et les jeunes ukrainiens). Il faut y ajouter les sports imaginaires de Yassine Boussaadoun, dont un relais d’objets insolites et un marathon de coucou. Le handisport n’est pas oublié, focalisé sur un athlète, vu par Mana Kikuta. L’Israélien Assaf Shoshan s’intéresse aux physionomies des sportifs performants, tandis que Lila Neutre aux questions de sexe et de genres dans les défilés, transformés en performances sportives. L’Arlésien Samir Laghouati-Rashwan impressionne avec ses cabrages de motos tout droit sortis de la culture urbaine. Les arts visuels sont logiquement majoritaires puisqu’il s’agit de saisir des instants précieux d’activité ou de pause/pose dans un esprit d’émancipation et de construction de soi. Toutes les dimensions, les formats, les types d’accrochages muraux sont réquisitionnés. La scénographie est ainsi soignée et met en évidence les intentions des artistes, et les valeurs nouvelles qu’ils affichent.
Par ailleurs, Fortuna, est vouée au skateboard, sous la houlette de Raphaël Zarka. Seuls les Opposants de Raoul de Keyser y font quelque peu référence. Ce sont plutôt les rapports de ce sport au sol (pensons à la plateforme de Rachel Witheread ou à Carl André), à l’espace et sa géométrie (Ernst Caramelle) ou à la trace (laque sur bois d’Imi Knoebel) qui sont pris en compte dans l’intention d’établir un rapport entre art et skate. On passe ainsi de la première salle vouée aux gris (les piliers repeints par David Tremlett) et à l’aérien (gouache de Silvia Bächli), à une salle qui nous accoutume à la couleur (fresque murale d’Hippolyte Hentgen), laquelle éclate dans la dernière notamment avec l’écrin mural de Nathalie Du Pasquier, protégeant deux Sophie Taeuber-Arp. La courbe est forcément à l’honneur lorsque l’on pense aux pistes. On la trouve dans le dôme d’Aurélien Froment, un silo de Gyan Panchal, un dessin de Bruce Nauman, une huile incurvée de Ron Gorchov. Un parcours passionnant, jalonné de pièces qui prêtent à réflexion : les chiens dormants dans la vidéo de Virginie Yassef, les moquettes renversées aux serpents d’Isabelle Cornaro, une méduse d’Emmanuel Van der Meulen…Et ponctuée par le spectaculaire Trouvère, de Christian Hidaka.
Enfin, dans le cabinet d’arts graphiques, on peut par ailleurs se sensibiliser à la gravure sur bois et à la conception nouvelle de la BD selon l’adaptateur du Château de Kafka, avec Wrek.
BTN
Plus d’informations : mrac.laregion.fr