Encore une adaptation. Le fil rouge de cette année au Printemps des Comédiens. Librement inspiré de la mythique pièce de Pagnol, Marius**** revu et corrigé par Joël Pommerat nous a « espanté » comme on dit chez nous dans le Sud.
Depuis la version originale sur 78 tours, écouté en boucle sur un vieux phono à manivelle. Depuis le film original dominé de la tête et des épaules par Raimu, nous n’avons pas manqué le film télé avec Roger Hanin, la pièce avec Weber/Huster et la truculente vision belge de la trilogie. L’intrigue est respectée, Marius, amoureux de Fanny l’abandonne pour vivre son rêve, l’aventure sur les océans, loin du bar de la Marine et de son père. Les mots sont ceux des interprètes, quelques bribes : « mais enfin tout le monde le sait que tu es cocu » ou « je t’aime bien mon fils, moi aussi papa, je t’aime bien ». Jusqu’à la partie de cartes. Un sommet, le pique est à l’honneur. Irrésistible. Grand moment encore la demande de Fanny en mariage par Panisse sous les yeux d’un Marius tourneboulé. Le bar est remplacé par un anonyme salon de thé, boulangerie avec Jukebox et frigidaire à sodas et autre Ice Tea. Escartefigue n’est plus navigateur, patron du ferryboat mais ornithologue distingué, Panisse houspille ses employés des trois magasins de deux roues et pièces détachées. Il domine ses potes du haut de ses 2 mètres. Paul Brun est bien lyonnais et ancien douanier qui a quitté le brouillard pour le brillant soleil de Marseille.
Le choix de cette pièce date de 2015, lorsque Joël Pommerat décide de la faire travailler en atelier par des prévenus. À partir d’improvisations, en commun des huit comédiens, est né ce Marius, adapté, transposé, à l’époque d’aujourd’hui. Le travail accompli par cette équipe nous a enthousiasmé par sa justesse, son humour décalé. Ils parlent tous vrai. Beaucoup originaires du midi, ont l’accent du sud, le verbe haut et fleuri. Un spectacle jubilatoire. Et surtout une réinsertion réussie, puisque le spectacle tourne depuis sa création. Merci Pagnol, Pommerat. Merci à vous 8. Vous nous avez régalés. Nous n’avons pas eu le cœur fendu mais nous nous sommes bien « fendu la poire ». Parole de fondu « fada ».
MCH
Dernière adaptation à ne pas manquer, Les messagères d’après Antigone de Sophocle, par Jean Bellorini.
Plus d’informations : printempsdescomediens.com