Tout le monde savait, tout le monde bouleversé
Alors que s’affiche au cinéma Le Consentement, le théâtre Jean Alary de Carcassonne vient de programmer Tout le monde savait (⭐️⭐️⭐️). Même histoire de jeune fille à peine pubère abusée par une ordure. Dans le film, la fille subit les assauts d’un personnage public adulé. Dans la pièce, on ne sait pas qui est cet homme qui a fait vivre le martyr à Valérie Bacot, auteure de cette autobiographie. Une affaire célèbre puisque n’en pouvant plus la femme tue son bourreau.
Elodie Wallace signe l’adaptation du récit. Seule en scène Sylvie Testud, blafarde incarne cette figure devenue iconique de la lutte contre les violences conjugales et l’avocat qui va la défendre. Avec son corps si frêle, si fort, avec sa voix, sans pathos. Tout le monde savait, spécialement la mère qui ne fait rien pour empêcher les visites ignobles. Qui continue à se voiler la face au retour de prison de son conjoint. Qui chasse sa fille de 17 ans enceinte. C’est cette mère indigne qui rend l’histoire encore plus abjecte et sordide.
Un silence meurtrier qui continue alors trois autres enfants arrivent et que sa pauvre fille est finalement jetée en pâture sexuelle à ceux qui défilent dans le camping-car en forêt. Un texte d’une rare violence, dérangeant. La comédienne est poignante dans sa manière de vivre les étapes en enfer. Elle est prodigieusement émouvante. Tout le monde est bouleversé. Un énorme coup de poing.
MCH