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Avignon In : le temps d’un Songe

26 Juil 2023 | Festivals, Spectacles vivants, Théâtre, Vaucluse

« Démonter les remparts pour finir le pont », c’est la douce utopie de Gwenaël Morin, artiste associé au festival d’Avignon pour quatre ans, qui met en scène Le Songe d’après William Shakespeare.

Un Songe qui procure tout sauf l’envie de bailler tant il est mené sur un rythme trépidant par quatre comédiens bourrés de talent et irrésistibles de drôlerie. L’histoire du Songe d’une nuit d’été du dramaturge anglais est connue et portée à la scène quantité de fois. On se souvient encore avec émotion de l’interprétation ravissante, dans le sens où elle nous arrachait à la contingence en nous ravissant à nous-mêmes – ce qui est l’un des pouvoirs du théâtre et peut-être l’une de ses missions – qu’en donna Jérôme Savary dans la carrière de Boulbon il y a une trentaine d’années. Il est certain que plus d’un pèlerin d’Avignon l’aura eue en mémoire en contemplant le décevant Jardin des Délices de Philippe Quesne présenté au même endroit cette année. L’histoire du Songe est celle des amours contrariées de Héléna, Démétrius, Hermia et Lysandre, un chassé-croisé de désirs amoureux, je t’aime moi non plus, hérissé d’envoutements et de filtres magiques transformant les protagonistes en marionnettes dont un dieu farceur tirerait les ficelles. Pour fuir les diktats familiaux, ces quatre jeunes Athéniens vont se perdre dans la forêt pour mieux se retrouver. Une autre action se déroule en parallèle, celle d’une troupe d’improbables comédiens invités à donner chez un duc une représentation des amours tragiques de Pyrame et Thisbé, soit le théâtre dans le théâtre. On est chez Shakespeare et c’est une comédie du maître, expert en surnaturel et tours de magie ainsi qu’en dénouements heureux.

C’est un vrai bonheur d’assister à ce Songe joué dans le mythique jardin de la Maison Jean Vilar, lieu de mémoire du festival et gardien de celle du fondateur.  Un bonheur auquel participent éminemment Virginie Colemyn, Barbara Jung, Julian Eggerickx et Grégoire Monsaingeon qui interprètent une vingtaine de personnages joués à cent à l’heure, lâchés comme des lutins en cavale dans ce jardin qui contient tous les sortilèges des nuits d’été.

Luis Armengol

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