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Montpellier : Raymond Depardon de retour au Pavillon Populaire avec « Communes » jusqu’au 24 avril

16 Fév 2022 | Art & Expos, Arts plastiques, Hérault, Photographie

Dès aujourd’hui et jusqu’au 24 avril prochain, le Pavillon Populaire de Montpellier accueille le travail aux renommées internationales du photographe Raymond Depardon. La série Communes, récente et fragmentaire, s’inscrit dans un cycle triptyque destiné à confronter la photographie aux thèmes environnementaux. Après la série des Eaux troublées d’Edward Burtynsky et celle des Mers et rivières d’Andreas Müller-Pohle, le Pavillon change de décor et s’enfonce cette fois dans la campagne occitane pour redécouvrir une France oubliée. 

Dans Communes, Raymond Depardon témoigne de la pureté immuable et intemporelle du territoire occitan à travers ses clichés délicats et sincères. Pendant l’été 2020, tel un ethnographe, il sillonne l’arrière-pays occitan et portraiture les contrées qui croisent son regard d’investigateur rigoureux. Originaire de Villefranche-sur-Saône dans le département du Rhône et marié à la Montpelliéraine Claudine Nougaret, Raymond Depardon se considère sur ce territoire comme une « pièce rapportée » au regard partiellement objectif. Il connaît ces alentours, ces terres où il a vécu, qu’il a visité, issu lui-même d’un milieu rural aux influences ouvrières. Cette série est tout de même particulière pour le photographe qui s’est forcé à visiter pleinement les lieux de ses inspirations artistiques. Semblable à un travail journalistique, il retrace avec véracité un parcours riche en découverte, observateur soucieux et contemplatif, le photographe mêle délicatesse et détresse pour dépeindre ce territoire aussi brut que sensible.

C’est en 2010 que le Permis de Nant, autorisant la recherche de mines d’hydrocarbures, liquides ou gazeuses, a fortement fragilisé le paysage rural de plus de 280 communes et a laissé séquelles et cicatrices dans la vie de plus d’un demi-million d’habitants. Fragilisé et meurtri, l’environnement transporte dans son sillage traumatismes et répercussions désastreuses. Dans ce contexte dramatique, Raymond Depardon s’empare de son appareil et de son empathie et part en quête d’immortaliser ce paysage qui lui est si cher. Communes permet au photographe de redorer l’image d’une campagne rurale méconnue et abandonnée des intérêts publics. Dans l’inconscient collectif, les villages ruraux sont faits de vieilles pierres et de bâtisses ancestrales esquissant une forme de nostalgie ou d’aspect pittoresque. Raymond Depardon veut justement mettre en évidence l’élan contemporain de ces constructions et la vie que portent ces lieux où des enfants naissent et construisent un futur pétulant. Communes c’est également l’occasion de regarder ces paysages que l’on ne voit pas, qui manque tant de représentation. Ce territoire est bel et bien réel, Raymond Depardon entend bien lui donner l’opportunité d’exister à travers son travail.

« Le rôle du photographe c’est de toujours continuer à photographier » 

                                                                                                                                  – Raymond Depardon 

© Raymond Depardon

Causse-Bégon © Raymond Depardon

Hameau de Saint-Martin d’Orb , le Bousquet-d’Orb © Raymond Depardon

Le Cros © Raymond Depardon

En découvrant Lodève des années en arrière, Raymond Depardon rencontre une zone désertique, à l’abandon. Peu d’habitants occupent ce territoire qui sera plus tard renommée la « Diagonale du vide ». Alors, à l’instar de son précédent travail, le photographe fait le choix de dépeindre pour Communes un panorama dénué d’êtres humains et commémore ce paysage jusqu’alors délaissé, contrasté et vivant. Dans un contexte où la photographie urbaine est à l’honneur, Raymond Depardon inaugure une photographie rurale où l’humain est exclu, seul subsiste les traces qu’il laisse sur son passage. Malgré ses blessures, cet environnement rural perdure et s’auto-suffit dans une ardeur renaissante, les villages guérissent et se rétablissent de leur propre chef. Après plusieurs passages Raymond Depardon découvre avec soulagement un décor en rémission. Des Ardennes à L’Ariège en passant par la Lozère, lors de son périple dans la campagne occitane, le photographe s’égare et se laisse envoûter par un paysage aux multiples facettes, avec un mot d’ordre : « toujours continuer à photographier ».

Communes dresse un rapport mélancolique en grand format et célèbre la beauté si particulière du paysage occitan entre ombre et lumière. Raymond Depardon utilise la chambre, une technique précise et éternelle, en 20×25 centimètres, le plus beau format du monde selon le photographe qui retrouve avec cette série le plaisir fondamental de la photographie argentique. L’utilisation du noir et blanc est justifié ici par le regard posé sur ces paysages, qui se veut être radical, austère et strict. La chambre photographique, aussi archaïque que moderne, donne lieu à un compte-rendu authentique à l’image d’un « rapport de gendarme », très fidèle à la réalité.

Plus d’informations : montpellier.fr

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