En découvrant Lodève des années en arrière, Raymond Depardon rencontre une zone désertique, à l’abandon. Peu d’habitants occupent ce territoire qui sera plus tard renommée la « Diagonale du vide ». Alors, à l’instar de son précédent travail, le photographe fait le choix de dépeindre pour Communes un panorama dénué d’êtres humains et commémore ce paysage jusqu’alors délaissé, contrasté et vivant. Dans un contexte où la photographie urbaine est à l’honneur, Raymond Depardon inaugure une photographie rurale où l’humain est exclu, seul subsiste les traces qu’il laisse sur son passage. Malgré ses blessures, cet environnement rural perdure et s’auto-suffit dans une ardeur renaissante, les villages guérissent et se rétablissent de leur propre chef. Après plusieurs passages Raymond Depardon découvre avec soulagement un décor en rémission. Des Ardennes à L’Ariège en passant par la Lozère, lors de son périple dans la campagne occitane, le photographe s’égare et se laisse envoûter par un paysage aux multiples facettes, avec un mot d’ordre : « toujours continuer à photographier ».
Communes dresse un rapport mélancolique en grand format et célèbre la beauté si particulière du paysage occitan entre ombre et lumière. Raymond Depardon utilise la chambre, une technique précise et éternelle, en 20×25 centimètres, le plus beau format du monde selon le photographe qui retrouve avec cette série le plaisir fondamental de la photographie argentique. L’utilisation du noir et blanc est justifié ici par le regard posé sur ces paysages, qui se veut être radical, austère et strict. La chambre photographique, aussi archaïque que moderne, donne lieu à un compte-rendu authentique à l’image d’un « rapport de gendarme », très fidèle à la réalité.
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