grande envergure : la création d’une Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée réunissant sur le territoire un ensemble de partenaires engagés dans une aventure commune, partagée et ouverte à tous les publics.
En 2018 et 2019, deux éditions des Rencontres ont réuni une vingtaine d’artistes basés en Méditerranée, mêlant équipes locales et internationales, pour des journées de travail et d’échanges au Théâtre des 13 vents. L’idée était simple : se rencontrer, parler, mettre en discussion des chemins de création, inventer un lieu de questionnement des pratiques de production mises en œuvre autour du bassin méditerranéen… Les Rencontres ont été l’occasion pour les artistes de présenter des œuvres, mais aussi de se retrouver, de mettre en commun les questions qui traversent la pratique de leur art dans leurs pays respectifs, de redéfinir des conditions d’invention et de solidarité. Elles ont aussi permis de lancer des projets communs, d’imaginer des productions ou des coproductions, des projets de plus longue haleine qui pourraient trouver leur place dans le cadre de la Biennale.
En 2020, après deux ans de préfiguration, de discussion entre partenaires culturels, La Biennale a été annulée quatre jours avant son ouverture, mais nous nous sommes très vite remis autour de la table pour imaginer la suite… En novembre 2021, la première Biennale aura enfin lieu, du 9 au 27 novembre et nous en sommes très heureux. Elle donnera un aperçu de la création contemporaine en Méditerranée, elle sera aussi un lieu de partage des œuvres et des processus de création, un lieu de dialogues, entre artistes et professionnels, entre artistes et publics.
L’une des particularités de cet événement, c’est de réunir de nombreux acteurs de la vie culturelle montpelliéraine, et même d’un peu plus loin, comment avez-vous travaillé avec eux ?
Nous nous sommes mis autour d’une table et nous avons parlé ! C’était important pour nous de créer un véritable espace collaboratif, de partage et de dialogue, sur des questions esthétiques comme sur des questions structurelles et politiques : comment penser, construire, valoriser la complémentarité des lieux à l’échelle d’un territoire ? Comment accompagner au mieux des équipes artistiques en région, tout en permettant une ouverture sur d’autres situations, d’autres contextes ?
Ces modalités de travail collaboratives nous semblaient, et nous semblent aujourd’hui d’autant plus essentielles pour faire face à la situation présente mais aussi pour envisager l’avenir de nos métiers, de nos structures, dans la perspective d’une solidarité et d’un soutien accru aux équipes artistiques aussi bien en région qu’au-delà de nos frontières, comme dans la perspective d’une plus grande mixité des publics.
L’hétérogénéité de nos structures était aussi très importante et très riche : nous sommes 12 partenaires sur le territoire, entre labels nationaux, scènes conventionnées, théâtres municipaux ou lieux indépendants, tous réunis autour d’un projet commun, participant à la conception et à la mise en œuvre de la Biennale.
« Nous rêvons ce moment comme un temps d’émulation, de rencontre, et aussi de fête… »
Suite à la première annulation, et à la crise sanitaire, comment vous êtes-vous adaptés et quelles ont été les conséquences pour cette première édition ?
Heureusement la Biennale n’a été annulée qu’une fois ! Pour le reste, nous avons fait au mieux, dans une solidarité maximale avec les artistes, étrangers comme français. Il y a ceux qui étaient déjà conviés dont nous avons reporté les pièces et que nous sommes ravis d’accueillir enfin, comme Argyro Chioti, Bashar Murkus, Maria Clavaguera Pratx, Laura Kirshenbaum… Mais nous accueillerons aussi de nouvelles propositions, créées pendant la période que nous avons traversée et qu’il était très important de soutenir, comme les pièces de Chrystèle Khodr, Julie Benegmos, Danya Hammoud ou Maguelone Vidal.
C’est un programme très dense, très riche, qui s’est recomposé, dans le dialogue entre partenaires, en essayant d’être au plus près des nécessités des artistes. Et en accordant une grande attention à la manière dont le public va pouvoir faire un chemin entre les différentes propositions et dont les créations elles aussi vont aller à la rencontre des publics. Il y aura par exemple une pièce franco-grecque, C’était un samedi, en itinérance dans différents lieux de la Métropole : La Bulle Bleue, L’Ecole des Beaux-Arts, L’Ecole d’Architecture.
La Biennale est l’occasion de réunir au même endroit des artistes venant de nombreux pays : comment cela se traduit dans le programme de la Biennale ?
Nous accueillerons 16 artistes ou équipes artistiques étrangères venant de 12 pays du bassin méditerranéen et 13 artistes ou équipes françaises travaillant dans la région, issus de pratiques artistiques diverses, certains font du théâtre, d’autres de la danse, du cirque, il y a aussi des auteurs, des traducteurs, des chercheurs invités. Nous essayons de faire en sorte que leur temps de présence soit le plus long possible, de manière à ce qu’ils ne jouent pas seulement leurs pièces et repartent, mais puissent voir les travaux les uns des autres, se rencontrent, participent à des discussions avec le public, animent des ateliers. Et surtout, surtout, qu’une réflexion puisse s’engager sur les conditions de création, de production, leurs liens avec les contextes politiques dans lesquels chacun vit et travaille, les rapports au public que cela induit, etc. Nous rêvons ce moment comme un temps d’émulation, de rencontre, et aussi de fête…