Sympathique initiative, sous l’égide du MO.CO. par un samedi de très bel automne, d’avoir fait de Montpeyroux l’un des pôles régionaux de l’art contemporain, et des halles, ses vignes et ses sources, l’occasion d’une promenade à travers le village et ses alentours immédiats. La gageure était bien sûr la confrontation des artistes au milieu rural (et vice versa) et, de ce point de vue, l’on peut dire que le pari est réussi car les habitants ont joué le jeu, si l’on en juge par le grand nombre de personnes, présentes durant l’intégralité du parcours proposé et qu’envieraient certains lieux plus urbains.
Deux groupes, qui commencent à faire parler d’eux, Cargo et Ile/Mer/Froid, avaient été sollicités afin de travailler sur place à l’élaboration d’œuvres temporaires ou pérennes, ainsi que la céramiste Natsuko Uchino et la peintre polychrome et murale Flora Moscovici. Les deux groupes illustrent parfaitement cette convivialité recherchée et cette osmose entre artistes en résidence et autochtones.
Cargo en particulier a construit, dans le quartier du Barry, une sorte de dôme en torchis et argile locale, ancestrale et protectrice, et qui vient briser l’horizontalité d’un parking. Cette construction archaïque, renouvelant la conception même du mas, est réservée à des manifestations intimistes, conviviales, et s’intègre parfaitement dans l’environnement vallonné qui entoure le village. Ile/Mer/Froid s’est installé dans les lieux de vie du village, les halles ou la cave coopérative. Sous les premières, ils ont suspendu des dizaines de phares de voiture récupérés, sertis dans un écrin de ciment et qui s’allument la nuit. Cela rappelle la fonction dynamique de ce cœur de village, véritable foyer d’échanges et de commerce. Dans la journée l’installation s’anime au gré du vent.
A la coopé, ils ont confectionné des jarres de grès. En effet, ne l’oublions pas, Montpeyroux est réputé pour la saveur de ses vins. Enfin ils ont habillé quelques privilégiés d’une cape, colorée de spécimens végétaux du coin. Mais Flora Moscovici n’est pas en reste, et a usé d’une sulfateuse vinicole afin de repeindre dans son style épuré, aérien et tout en nuances, dans sa totalité, un mas dit des Songes, en pleines vignes et oliveraies. C’est une seconde jeunesse qu’elle offre, comme par magie, à cette bâtisse quelque peu abandonnée, en passe de devenir un lieu de promenade où voir les couleurs se modifier au gré du temps et des saisons et s’adonner à la rêverie.
Enfin, Natsuko Uchino est intervenue dans la fontaine proche de St-Etienne-les-bains, signalant l’existence d’une source, jadis exploitée. Il s’agit de pièces de bronze, moulées selon une technique immémoriale, et qui évoquent la coutume des vœux. Outre le rappel de l’importance de l’eau dans notre vie présente et future, cette artiste franco-japonaise s’est ingéniée à travailler des objets relatifs à l’eau dans les ateliers Argileum de St-Jean-de-Fos. Très attachée à la terre, elle cherche à réhabiliter des objets de nos univers familiers pour les faire accéder à une dimension plus noble, artistique dans un souci de rapprochement de l’art en général et de l’artisanat.
Ce parcours plein de surprises diverses (architecture, volume, objets, peinture) répond à la volonté des organisateurs, notamment de l’initiateur Julien Rodier, de rapprocher, artistes et non artistes, univers urbain et monde rural, résidents et habitants. Bref d’œuvrer ensemble, « Ensem » en occitan. Manifestement, tout le monde s’est pris au jeu. On espère une suite.
BTN
Jusqu’au 19 décembre à Montpeyroux.
Pour tout renseignement, contactez la mairie : 04 67 96 61 07.