Premier grand festival de l’été, Le Printemps des Comédiens se prépare dans des conditions très particulières, le confinement drastique. Jean Varela nous a accordé un entretien par téléphone dans lequel il évoque l’impact de l’épidémie sur la manifestation et Il commente sa programmation avec gourmandise. On a hâte d’y être.
A deux mois et demi du Printemps des Comédiens, quel est l’impact du confinement sur votre politique d’information du public ?
Nos bureaux sont fermés, mais toute l’équipe continue à par télé travail. Nous avons dû renoncer aux réunions publiques. Elles étaient la colonne vertébrale de notre relation avec le grand public, elles nous ont permis de créer et d’entretenir cette relation de confiance si importante. Cette organisation s’est effondrée. Pour maintenir du lien nous allons tenter de mettre ne place une radio du Printemps avec des interviews enregistrés, des vignettes sur l’histoire du Printemps, des comédiens qui vont dire des textes. Nous utiliserons les réseaux sociaux, toujours pour maintenir ce lien tellement important et inciter les spectateurs à réserver.
La programmation est pleine de créations et de premières, à commencer par les Chinois, présentez-nous leur spectacle The New Wilderness ?
La venue de ce spectacle, une première en France, est le résultat du partenariat que nous avons réalisé avec Poly Theatre et Magnificent Culture. The New Wilderness, mis en scène par la Lituanienne Ramune Kudzmanaite est l’histoire de l’émancipation d’une femme soumise aux codes ancestraux. C’est important de montrer le Théâtre chinois d’aujourd’hui.
Les autres premières en France ?
Les grands noms de la scène internationales sont là. Romeo Castelluci avec bros, pour son troisième passage au Printemps. Rimini Protokoll avec Utopolis Montpellier, une redécouverte de lieux de pouvoir du vieux Montpellier, d’endroits secrets, inspirée par Thomas More. Ivo van Hove avec un des meilleurs acteurs européens, Hans Kesting, dans Qui a tué mon père. Le Portugais, Paulo Duarte avec L’Autre/Andere, propose une exploration du thème dévastateur de la jalousie avec la comédienne allemande Mila Dargies. Nous coproduisons Sylvia, mise en scène de Fabrice Murgia, le surdoué belge, d’après la vie de la poétesse américaine Sylvia Path. Nicolas Stemann, s’interroge sur l’identité dans Contre-enquêtes, dans lequel il met en scène le frère de l’Arabe assassiné par Meursault. Pour rester dans les spectacles internationaux, le retour de deux compagnies qui ont remporté un très grand succès au Printemps, les artistes australiens de Circa avec Sacre et Du bout des doigts avec Histoires à danser.
Fidélité aussi à de très grands metteurs en scène français ?
En effet Joël Pommerat et Julien Gosselin reviennent. Autre spectacle très attendu le travail d’Isabelle Lafon autour de Duras, un portrait d’après ses textes et ses déclarations, une création. Hommage aux acteurs avec L’heure bleue merveilleusement interprété par Emmanuelle Devos et La vie de Galilée avec le non moins merveilleux Philippe Torreton.
Parlez-nous du dernier spectacle de Marie Molliens ?
Oraison est un hommage au cirque d’art en opposition au cirque de divertissement. A la fois performatif et exigeant. C’est comme une prière pour un cirque poétique, elle rejoint la beauté du geste de Roméo Castellucci dans Bros. Les spectateurs entendront des ordres dans leur casque, la vie va surgir, le geste peut transformer le monde.
Italienne scène et orchestre, c’est une reprise ?
Nous le reprenons car le spectacle a eu un succès retentissant. C’est l’occasion pour un nouveau public de le découvrir. On peut commencer à créer un répertoire de spectacles emblématiques, c’est quelque chose qui me tient à cœur.
Comme l’année dernière pas moins de six propositions en quatre jours. On pourra tout voir ?
Oui avec les systèmes d’horaires, les spectacles sont programmés dans plusieurs lieux de la ville. C’est un gros week-end, celui de la Pentecôte, cela permet à ceux qui viennent de loin d’aller d’une esthétique à l’autre.
Comment vivez-vous le confinement personnellement ?
Cela permet de se sortir de la furia du monde, de retrouver certaines activités la lecture, écouter de la musique, se promener seul dans la campagne.
Recueilli par MCH
Tous les spectacles
Dekalog, mise en scène Julien Gosselin d’après Krysztof Kieslowski et Krysztof Piesiewicz, avec les jeunes artistes du TNS, spectacle hybride théâtre/cinéma, 29 et 30 mai
L’heure Bleue de et mise en scène de David Clavel avec Emmanuelle Devos, une famille en décomposition, 29 et 30 mai
L’autre/Andere, avec Mila Dargies et les objets-marionnettes de Paulo Duarte, 29 mai au 1e juin.
Les imprudents, de Marguerite Duras, mise en scène Isabelle Lafon, pour découvrir la femme Duras derrière l’auteur, 29 mai au 1e juin.
Bros, des anonymes en uniforme de policier américain dirigés par Romeo Castelluci, 30, 31 mai, 1e juin
Contre-enquêtes d’après le roman de Kamel Daoud, mise en scène Nicolas Stemann, une interrogation sur l’autre, 30 et 31 mai, à l’Agora
Contes et légendes, de Joël Pommerat qui explore l’univers de l’adolescence, 3, 4, 5 juin
Sylvia, de Sylvia Plath, mise en scène de Fabrice Murgia, la vie de la poétesse américaine, suicidée à 31 ans, 5 et 6 juin.
Smog, création de Claire Barrabes et Pauline Collin, enquête policière, 5,6, 7 juin
A table, Euro-spectacle culinaire, performance musicalo-gastronomico-littéraire, autour d’un camion-cuisine, 5, 6, 9, 10, 11, 12 juin
Du bout de doigts, de Gabriella Iacono et Grégory Grosjean, histoires à danser, 9 et 10 juin
Oraison, Marie Molliens, cirque Rasposo, on joue avec les oripeaux du cirque, on sent le danger, on s’émeut, 9 au 27 juin sauf 14/15, 21/22
Italienne scène et orchestre, de Jean-François Sivadier, les spectateurs dans la fosse assistent à une répétition ébouriffante de la Traviata, 11 au 14 juin
La vie de Galilée, Brecht/Staviski avec Torreton, 12 et 13 juin
Les petites filles, de Marion Pellissier, cauchemar dystopique pour Aglaé et Marthe, 12 et 13 juin
Dans la foule, de Laurent Mauvignier, mise en scène de Julien Bouffier, à partir du drame du stade du Heysel à Bruxelles, 12 et 13 juin
Qui a tué mon père ? d’Edouard Louis, mise en scène Ivo Vanov, un pamphlet contre les méfaits du capitalisme, un moment très attendu, 13 et 14 juin
Sacre, Circa, cirque, retour de la magnifique troupe australienne, sur la musique de Stravinsky, 15 et 16 juin
L’enquête, Lonely Circus, avec Sébastien Le Guen, fildefériste éblouissant, 16 au 27 juin, sauf 21 et 22 juin
The new wilderness, première en France, de Wang Fang, théâtre chinois, la vie dans un village perdu, 19 et 20 juin
Phèdre ! de Racine mise en scène François Gremaud, un conférencier tient tous les rôles de la tragédie, et c’est drôle ! 20 juin.
La tentation des pieuvres, de Maguelone Vidal, à la fin tout le monde ripaille, musiciens, comédiens et spectateurs, 20 et 21 juin
Utopolis Montpellier, installation sonore par Rimini Protokoll, inspiré par La république de la nouvelle île d’Utopie de Thomas More, 25 au 27 juin
Viviane, de Julia Deck et Mélanie Leray, théâtre hybride, un huis-clos entre Viviane sur scène et Viviane sur écran, 26 et 27 juin
L’Odyssée, d’après Homère, mise en scène de Krzystof Warlikowski, digression avec la shoah 26 et 27 juin.
3 x 12 + 1, trois spectacles avec les jeunes artistes de l’Ecole Supérieures d’art dramatique de Montpellier. Comprendre la vie de Bérengère Vantusso, 3, 10, et 17 juin ; Plus vite de Marguerite Bordat, 4, 11 et 18 juin ; Mon corps c’est le monde, de Gildas Milin, 5, 12 et 19 juin ; Intégrale, 6, 13 et 20 juin., Le Hangar, Montpellier.
CADC Balthazar, de Martine Leroy, avec les stagiaires de la formation professionnelle, 10 au 13 juin.
Le silence des confettis, de Caroline Cano par L’Autre Théâtre, entre narration et documentaire, le questionnement sur la fête et la solitude, 20, 22 et 23 juin.
Warm up, une échappée sur la création en couveuse, 31 mai et 1e juin.
Printemps des Comédiens, du 29 mai au 27 juin, Domaine d’O, 178 rue de la Carriérasse, Montpellier. Tél. 04 67 63 66 67. printempsdescomediens.com
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