Jamais deux sans trois ! Et il est sûr que la surface d’exposition de l’Arena n’avait jamais été aussi pléthorique, depuis qu’existe la foire méditerranéenne de l’art contemporain, à Montpellier, sous la houlette de Didier Vesse. Et c’est de bon augure pour l’avenir. Soutenue par lé région, le département (à quand, la ville ?), la SPL Occitanie events, et enrichie par le mécénat d’art d’Appart’ City qui présente 32 logos réalisés par des artistes, tous de la même dimension (on y retrouve Jean Denant, Tony Soulié, Cosentino, Bocaj…), cette édition paraît d’emblée plus étoffée que les précédentes.
Ceux qui ne jurent que par les grands noms du passé y trouveront de quoi se satisfaire : Soulages (mais aussi Poliakoff ou Sonia Delaunay) en particulier y est mis à l’honneur avec la présence du photographe Vincent Cunillère, lequel a ouvert une galerie en face du célèbre musée de Rodez, et propose des estampes diverses de notre plus grand centenaire, en partie Sétois. Des œuvres de Valério Adami, et de Kijno, s’avèrent accessibles sur le stand de Déclicart (Vaison la Romaine), Vasarely ou Arman, galerie Montaigne (Paris). En cherchant bien, on pourrait dénicher du Picasso, Miro, Olivier Debré (galerie Audet, de Colmar).
Combas et Di Rosa (AD galerie), Viallat (Le Réservoir), Ben (La Perle noire, Agde, qui expose aussi Katie Montanier), André Cervera (La Pop galerie (Sète), le remarquable Pierre-Marie Brisson (Au-delà des apparences, Annecy) sont quant à eux bien vivants, et pourraient tenter quelques collectionneurs ambitieux… J’ai bien aimé, pour ce qui me concerne le stand de Dupré et Dupré (Laussedat, Tesseire, Baltazar…).
La sculpture est mise à l’honneur chez Sophie Julien (Richard di Rosa, Cérisola, Riba) et un peu aussi chez Europ’art (Yzo). Et c’est tant mieux. On en voit si peu… L’art brut est en tout cas mis en exergue (Polysémie, de Marseille, Pol Lemétais qui nous vient d’Aveyron, Le réservoir, Musée de l’art brut, des Arts buissonniers, …). Il s’impose de plus en plus comme une singularité qui se doit d’être prise en compte dans le champ de la création actuelle. Le street art, le néo pop, la figuration sous toutes ses formes sont évidemment omniprésents par ailleurs, notamment dans une étroite parenté avec l’école sétoise. Les gens aiment ces formes d’activité artistique et ce premier contact avec un style d’art qui peut en appeler d’autres plus élargis. Tous les goûts se valent après tout et aucun n’est à négliger car ils sont tous porteurs de sens. Et nul ne niera que l’art nécessite un minimum d’initiation et qu’une passion se développe avec la fréquentation des lieux requis. Les foires d’art en font partie.
Entre les élites de l’art que l’on dit branché et qui mérite que l’on s’y intéresse avec respect et sans défiance, et la peinture touristique ou des salons ruraux, il existe une large zone intermédiaire, à même de susciter des coups de cœur et peut-être alors des vocations, en tout cas la base d’une initiation. Cette foire est à même de les générer. L’art dit contemporain ne se limite pas aux grandes biennales internationales ni à la promotion des grands noms du Top 100 des records de vente régulièrement battus. Il porte bien son nom. Il est l’art de notre temps. Art Montpellier III le prouve. Il faut également le considérer avec respect. Et aller voir par soi-même, pour s’en faire une idée.
Au demeurant, outre L’Art-vues (et Titouan Lamazou), le Crac et le Mrac, nous accueillent à l’entrée, preuve que quelque chose est en train de changer dans les mentalités.
BTN
Art Montpellier du 8 au 11 novembre à l’Arena de Montpellier.
Infos : http://art-montpellier.com/