Ermonela Jaho, est la grande triomphatrice des Chorégies d’Orange 2016. Remarquée lors des Musiques en fête, le 20 juin, elle a littéralement fait chavirer les 9 000 spectateurs lors de son interprétation de Cio Cio San, l’héroïne de Madame Butterfly en juillet.
C’était déjà beaucoup, mais Diana Damrau souffrante n’a pu tenir le rôle écrasant de Violetta dans La Triavata, Ermonela Jaho, l’a remplacée. Et de quelle manière ! Eblouissant de bout en bout. Délicieusement sensuelle et enjôleuse au premier acte. Magnifique d’abnégation au second. Digne au troisième et bouleversante au quatrième dans sa façon d’affronter la mort au moment même où son Alfredo lui revient.
La Traviata, un des opéras les plus souvent joués au monde, après Carmen évidemment, un des plus populaires aussi, n’en finit pas de combler les spectateurs. Ce 3 août, La Traviata des Chorégies était flamboyante, avec une mise en scène de Louis Désiré sans effet superflus, très proche du drame. Quelques projections appropriées pour définir les atmosphères ; un simple arbre gigantesque pour le deuxième acte. De même que les costumes de Diego Mendez Casariego, noirs, élégants, très beau, intemporels.
La direction de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine par Daniele Rustioni, le jeune chef italien ? Une merveille faisant ressortir toutes les nuances toutes les richesses de la partition de Verdi. Le ténor Francesco Meli est un Alfredo touchant, il émeut dans sa façon de chanter son amour et son désespoir.
Placido Domingo était très attendu dans le rôle de Germont père, écrit pour baryton et que le plus grand ténor vivant a voulu chanter. Un grand risque pour celui qui a tant de fois chanter Alfredo, définitivement immortalisé par le film de Zeffirelli et qu’il a dirigé tant et tant de fois. Pari tenu ! On le savait depuis la représentation parisienne et des tonnerres d’applaudissements ont salué son interprétation fine, sensible. Ce qui l’a aidé à passer d’un rôle à l’autre, c’est sa connaissance, sa technique verdienne hors du commun. Le public manifestait aussi la joie de retrouver le chanteur après une longue absence, sa dernière apparition datant de 1978.
Malgré cette ovation méritée, le ténor savait qu’une jeune reine albanaise lui soufflait la vedette : Ermonela Jaho, dont l’histoire d’amour avec le public d’Orange ne fait que commencer. Une soirée vraiment exceptionnelle.
MCH
La Traviata, ultime représentation le samedi 6 août à 21h30.
Report, en cas de mauvais temps au dimanche 7 août à 21h30
Tél.04 90 34 24 24 – www.choregies.fr