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Sérignan : les artistes Vidya Gastaldon et Arnaud Dezoteux présentés au Mrac jusqu’au 16 mars

24 Oct 2024 | Arts plastiques, Hérault, Musées

Le Mrac surprend toujours en alternant les artistes de renommée internationale et ceux que l’on a plaisir à découvrir, qui ont suffisamment de ressources et d’ingéniosité pour affronter un lieu qui peut s’honorer de ses grands espaces. Le Musée régional d’art contemporain présente ainsi deux artistes cet hiver, d’un côté Vidya Gastaldon et sa Demeure sans murs, et Arnaud Dezoteux avec Apprends et rêve. 

Arnaud Dezoteux occupe le rez-de-chaussée, dans le noir ou la pénombre, de ses films et objets. Les trois vidéos, plutôt immersives, recourent au même procédé : des incrustations animales en animation sur un fond emprunté au réel, à des décors de lieux de spectacles, ou de passage, tantôt en activité, tantôt en sommeil. La première projection se nomme justement Somme et joue avec humour sur le contraste Activités Humaines/Relâchement animal sous la forme de rats plutôt gras, burlesques et fictifs, et manifestement pas enclins à quitter le navire quand la marée humaine s’agite et se divertit. Dans la niche, ce sont des chauves-souris qui, si l’on peut dire, se taillent la part du lion. Mais aussi les vers qui envahissent les distributeurs. Le Philharmonique est alors filmé durant le confinement. Enfin la place du Tertre grouille certes de passants et de supposés artistes, mais surtout d’une faune aviaire, narquoise et encombrante.

L’imaginaire, le dessin d’animation, se mêle aux images découpées dans le réel, si bien que l’on ne sait plus très bien où se situe la frontière. C’est d’autant plus marquant lorsque l’artiste fait tomber une pluie de son invention qui se mêle à la réelle. Quant aux trois trois objets, ils sont formés de projections dynamiques sur des supports de boîtes en carton agencées en cuisine en kit, ou inspirés d’un documentaire pub sur le jogging, ou d’un jeu pour gagner des bonbonnes de gaz. En les projetant sur des objets qui rappellent des machines à sous et autres merveilles modernistes, Arnaud Dezoteux se démarque de la mode envahissante des mappings. Ainsi l’image se fait plus intimiste tout en multipliant les ambiguïtés sur la nature du réel.

L’étage est dévolu à la Franco-suisse Vidya Gastaldon, plus encline à pratiquer la peinture, toutes techniques confondues, mais pas seulement pour une galerie de tableaux, même s’il s’en trouve bon nombre plus ou moins alignés le long des murs. Toutefois, les cadres sont démesurés, ils sont souvent eux-mêmes peints et s’accommodent, en début d’expo, d’un wall drawing sous-jacent représentant, à grands traits et à grandes plages de couleurs, un paysage moitié maritime (avec baigneuse loufoque), moitié montagneux, à l’image de la situation géographique du musée ainsi mis en abyme. On a le sentiment que paysage et portrait se mêlent ce qui donne aux tableaux un aspect onirique, avec une omniprésence du regard, sans doute à l’origine de ce sentiment océanique dont parlait Freud et que l’artiste reprend à son compte. La première salle s’inspire de la maison sans murs (Demeure sans murs, tel est le titre). On y trouve des chaussons roses qui glissent le long des murs, une réunion d’objets domestiques tout trouvés comme disait Duchamp, mais que l’artiste s’est approprié, un assemblage d’yeux libres sur assiettes peintes et vernies disposées en pendentif, un escabeau customisé, deux horloges et surtout des cubes, beaucoup de cubes peints parce qu’ils sont à la base, enfantine, de toute construction ou reconstruction.

Dans deux autres salles, plus spirituelles, les tableaux déclinent les lettres de l’alphabet tandis qu’au centre se font face deux planches transformées en instrument original de musique, à manipuler. On est à l’origine de toutes choses, dans la genèse du pré-verbal, du pré-visuel et de l’acte créatif en général. Un peu à l’écart, une vidéo hypnotique décline de multiples variations colorées à partir de quelques figures de géométrie élémentaire. La maison n’est pas seulement lieu de formation ou d’origine, elle peut également se faire jardin, où l’on se sent plus proche de la nature, voire en osmose avec elle. D’où cette hybridation portrait/paysage dans le style si particulier de Vidya Gastaldon, aux couleurs généreuses, modérées mais justes sur des tableaux récupérés et re-définis. Le centre nous renvoie au jeu, avec ces petits cubes de bois peints, et donc à l’esprit de l’enfance, ce paradis perdu. Et si c’était l’éden, la demeure sans murs ?

BTN

Plus d’informations : mrac.laregion.fr

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