Serge Fauchier est, avec Dominique Gauthier et Stéphane Bordarier, le peintre le plus important de sa génération en ex territoire Languedoc-Roussillon. Je parle de ceux qui sont arrivés après Supports-Surfaces et avant la Figuration qu’on dit libre. S’il recourt, en règle générale, à des formats imposants, peu de moyens lui suffisent pour exprimer sa pensée picturale.

Quelques couleurs tranchant sur le blanc de l’apprêt, en principe le rouge et le noir, sans doute incarnant l’ombre et la lumière. Quelques traits épaissis jusqu’au quasi-rectangle. Une exploration des rapports de tension réglant les masses colorées. Une expérimentation des vertus de la surface dans son rapport à la planéité ou à la profondeur. Un jeu entre la périphérie et le centre du tableau, avec un évitement de la jonction qui produit, en quelque sorte, l’événement aux yeux du spectateur. On aura compris que le langage de Serge Fauchier est formel et abstrait, même si l’on peut toujours s’interroger sur les limite des l’abstraction. Peut-on dire d’un geste qu’il est purement abstrait alors qu’il figure un geste ? En revanche les actions qui opèrent à la surface témoignent d’un engagement corporel, à dimension humaine s’entend.

On a toujours l’impression, chez Fauchier, que le peintre est à la recherche d’un point qui résoudrait toutes les contradictions, ou qui serait l’objectif ultime de la quête, et dont chaque tableau figure l’impossibilité de l’atteindre. Heureusement d’ailleurs car cela justifie l’éternel retour sur la toile.

Avec ce paradoxe qu’entre deux traits Fauchier laisse un espace libre. Et que c’est cet espace vacant qui sert de trait d’union aux masses colorées qui semblent émerger de la périphérie, c’est-à-dire du hors cadre, du côté du réel, pour accéder du côté du centre. C’est un peu comme si la réalité pénétrait la surface à peindre pour accéder à cette autre réalité, redressée à la verticale que l’on appelle tableau. Et donc au statut d’œuvre d’art.

BTN

Jusqu’au 25 septembre
9, Avenue Méditerranée. Tél. 04 68 21 71 25.