Viril(e·s)
In ou Off, le festival résonne cette année de thématiques féministes avec un bon nombre de spectacles conçus et joués par des femmes. Ecrit et mis en scène par Marie Mahé, Viril(e·s)en fait partie, joué par la Cie DTM 9.4 venue de Montreuil après avoir collecté des fonds pour le voyage à Avignon. Vouloir c’est pouvoir, il en est question aussi dans ce spectacle qui fait entendre la parole d’un groupe de femmes de vingt à trente ans pour interpeller le concept (mythe ?) de virilité, attribut généralement associé aux hommes. Ce qu’elles contestent avec un humour rageur et offensif : une femme peut-elle être virile, et si oui comment ? Ça veut dire quoi « être masculine » ? Comment le regard des autres interagit dans les comportements et la construction des identités de chacune ? Aucune des protagonistes ne correspond vraiment aux définitions convenues de la féminité, pas plus Justine que Capucine, Megane et Sofia ou Garance qu’elles soient cuisinière, chanteuse, rappeuse, comédienne ou joueuse de tennis. Chacune a son moment de vérité face au public, dans une frontalité de l’ordre du défi, pour se livrer beaucoup, se délivrer pas mal. Moments d’introspection à cru, sans complaisance, d’une énergie folle, qui alternent avec des séquences plus tendres, mots d’amour et d’humour formidablement interprétés et dits par Déborah Dozoul, Mégane Ferrat, Capucine Gourmelon, Ilyes Hammadi Chassin et Sofia Harmoumi.
7 au 26 juillet à 19h au 11.
Luis Armengol
Ovni
Un Ovni peut en cacher un autre, c’est le cas de cette pièce d’Ivan Viripaev (également acteur) qui prétend présenter les témoignages d’une dizaine de personnes de différents pays ayant eu un contact avec une force surnaturelle, à défaut de mieux la définir. En tout cas pas avec des petits hommes verts comme s’accordent à reconnaître tous les témoins. L’affaire est alléchante et intrigue au plus haut point quand on les écoute raconter leur drôle d’expérience : « Comme une piqure dans tout le corps, maintenant je sais vers où aller » (Emilie, 22 ans, Australienne), « J’ai vu ça, j’ai raconté ça et ça a changé ma vie » (Nick, 24 ans, américain), « les ovnis je n’y crois pas, je suis entrepreneur » (Robert, Français, 43 ans), « une communication avec le cosmos » (Victor, 41 ans, allemand), et quelques autres encore dont on finit par s’apercevoir qu’ils n’ont jamais rencontré personne…à part eux-mêmes. En quelque sorte, de simples individus qui vivent une expérience mystique leur permettant de se découvrir, d’être eux-mêmes enfin si toutefois cette expression a encore un sens dans une époque où les personnalités se façonnent à grands coups d’écrans, d’influenceurs et influenceuses de tout poil et d’intelligence artificielle. Bien joué ! a-t-on envie de dire devant ce spectacle effectivement bien interprété et mis en scène, à la fois malin, drôle et poétique, qui suscite la curiosité autant que la réflexion. Et qui semble nous dire que les petits hommes verts ne sont pas planqués autour de nous mais au fond de nous-mêmes.
7 au 26 juillet à 19h45 au 11.
L.A.
Et aussi…
Les femmes de la maison
Des artistes femmes de trois générations, de 1950 à aujourd’hui, sont invitées en résidence dans une grande maison mise à leur disposition par un étrange mécène qui exige d’elles en contrepartie qu’elles lui laissent une œuvre d’art à leur départ. Sans manichéisme et avec d’élégantes nuances, l’autrice et metteuse en scène Pauline Sales livre ici une pièce intimiste qui place le discours féministe face à ses contradicteurs, sans complaisance pour le premier ou les seconds. Miroir de la société de chacune des époques traversées, Les femmes de la maison nous embarque dans une saga interprétée par trois comédiennes et un comédien épatants à la fois drôles et émouvants : Olivia Chatain, Anne Cressent, Hélène Viviès et Vincent Garanger.
Jusqu’au 26 juillet à 13h au 11.
La Belle et la Bête
Spectacle musical et immersif La Belle et la Bête transporte le spectateur dans un univers fascinant traversé de cerceau aérien, de combats de cape et d’épée, de vidéo-projections, de danse et bien sûr de théâtre. La pièce de Julien Gélas revisite le conte célèbre d’une jeune femme venue se livrer à la Bête pour sauver son père. La Belle finit par aimer le monstre qui se révèlera alors être un beau prince ensorcelé. Ce spectacle introspectif est l’occasion d’un voyage dans le temps et à l’intérieur de nous-mêmes qui fait rêver et réfléchir.
Jusqu’au 29 juillet à 15h05 au Chêne Noir.
On fabrique, on vend, on se paie
Cette création collective de la Cie Le Bain Collectif relate la lutte des LIP de Besançon en été 1973 qui généra de grands espoirs et de mémorables batailles sociales. Dans cette fabrique de mécanismes horlogers près de 500 femmes et hommes sur le point d’être licenciés prirent leur destin en main en occupant l’usine, continuant à produire et à vendre leur production. Témoin de la fin des Trente Glorieuses et du début des utopies de l’époque, cette aventure collective n’en finit pas de hanter les imaginaires. On fabrique, on vend, on se paie redit le besoin d’utopie de tous temps, celui de replacer l’humain au centre de l’économie et l’impératif absolu de réenchanter le monde.
Jusqu’au 25 juillet à 15h30 au Théâtre des Carmes
Le Fossé
Il ne manque ni l’humour ni le suspense dans cette pièce écrite par Jean-Baptiste Barbuscia qui s’interroge sur un monde malade capable d’autodestruction. Le Fossé est une fable contemporaine où cinq imposteurs, caricatures d’une société en déclin, s’affrontent à la manière d’un Don Quichotte des temps modernes ou dans l’attente d’un Godot contemporain. Ils espèrent un signe, une réponse. Ou peut-être tout simplement un peu de sens, alors ils creusent…Absurde et nécessaire, d’autant que les comédiens sont à la hauteur de ce spectacle aux influences multiples, entre Tintin et Hergé.
Jusqu’au 26 juillet à 18h au Théâtre du Balcon
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