Piet Moget, connu pour ses vues de Port-la-Nouvelle, sera exposé à l’espace Roger Broncy de cette ville. Du 12 juillet au 21 août, cette exposition est l’occasion de se (re)familiariser à ses œuvres.
On connaît l’attachement de Piet Moget pour la mer, qu’il venait observer chaque jour sur le quai, à Port-la-Nouvelle, où il vécut longtemps avant de s’installer au hameau du Lac, près de Sigean. Il lui attribuait des tonalités venues de son pays natal, les Pays-Bas, qu’il partageait avec son maître et ami, son compatriote Geer Van Velde. Et la géométrie poreuse du plat pays où, chantait J. Brel, un canal s’est perdu. Piet Moget ne limitait pas sa production à cette abstraction au figuré ou à son paysagisme abstrait, comme on préfère, mais c’est cette période marquée par ses visites quotidienne à Port-la-Nouvelle, face à la mer, qui reste dans les mémoires. Ainsi, pour cet hommage au peintre, découvrira-t-on des paysages avec arbres (l’arbre relie la terre au ciel) très charpentés, et parla même occasion sa science généreuse des couleurs. Ou encore ses portraits familiaux, intimistes, fidèles et affectueux. Et cette sphère grise, chargée de lumière, sur fond gris, qui exprime son souci des formes parfaites, et par là même sa quête de l’absolu. On la retrouve évidemment dans ces Horizons qui assoiront sa notoriété et le rapprochent des peintres du monochrome ou plutôt du bi-chrome. Sauf que la surface colorée n’est pas dans sa peinture une peau uniforme. Elle est chargée des multiples couches sous-jacentes, et donc possède quelques irisations et nuances. La limite entre ciel et sol, liquide et terrestre, est flottante. Elle illustre à merveille, de manière lumineuse, ce je ne sais quoi et ce presque rien qui crée le trouble entre paysage et abstraction. Manifestement le peintre cherche à unifier les tons qui divisent ses tableaux. Ces derniers privilégient le céleste qui écrase le sol horizontal de tout son poids. À bien y réfléchir, il métaphorise la relation que nos êtres de passage (et Piet Moget était, tous les jours, sur le motif, de passage) établissent avec le monde ou, si l’on préfère, cet inconnu, ce mystère, cet infini qui nous entoure. La propension à recourir aux formats carrés va dans le même sens : d’une part il s’agit d’une forme parfaite, de l’autre un format qui fait moins paysage que tableau en tant qu’espace frontal. Le souci de Piet Moget était avant tout la peinture. Ses enjeux, ses douleurs (l’insatisfaction) et ses moments de grâce, de lumière intérieure diffractée sur le tableau. On pourrait, de ces moments, en retrouver certains à Port-la-Nouvelle, où flotte encore l’esprit de ce peintre qui a tant fréquenté ses points de vue privilégie que la ville offre sur l’immensité, que Moget s’est évertué à capturer.
BTN
Pour plus d’informations : portlanouvelle.fr