Le Pavillon populaire de Montpellier, pour sa nouvelle exposition, a pris le parti de présenter deux artistes femmes majeures du XXe siècle ; Gabriele Münter et Eudora Welty. Elles ont pour similitude d’avoir débuté par la photographie avant d’établir leur renommée à travers une autre expression artistique ; Münter par la peinture et Welty par la littérature. Cette exposition confronte deux pratiques photographiques différentes. À voir jusqu’au 29 septembre !

Lorsque Gabriele Münter s’est lancée dans la photographie à un niveau amateur en 1900, Eudora Welty quant à elle a eu une approche plus professionnelle dans les années 1930. Pourtant, un autre point commun les réunit ; elles ont, par la photographie, documenté le sud des États-Unis avec la passion pour un même medium artistique. Cette exposition présente deux visions différentes, autour d’enjeux et de contextes aux liens indéniables.

Gabriele Münter, co-fondatrice du célèbre mouvement expressionniste allemand Le Cheval bleu, a produit dès février 1900, en l’espace de 7 mois, entre 300 et 400 photographies dans le Texas, le Missouri ou même à New York. Photographe autodidacte, on retrouve dans ses clichés la jubilation, l’amour qu’elle a eu pour cette technique. Sa riche production lui a permis de se forger l’œil avant de se lancer dans une carrière picturale. Les partis pris qu’elle prend dans ses photographies telles que les sujets, les compositions ou son attrait aux fragments, aux détails se retrouveront, ultérieurement, dans sa production de peintures. Ses photographies sont présentées à travers 10 sections thématiques. Cela permet de montrer au public que son approche est définitivement réfléchie ; il n’est pas question d’un art spontané.

Cette exposition est véritablement une avant-première dans la mise en valeur de cette artiste. Les photographies de Gabriele Münter n’avaient jamais été exposées en dehors de l’Allemagne avant cette exposition au Pavillon Populaire. De plus, dès novembre prochain, sa production picturale sera mise en avant au Musée national Thyssen-Bornemisza de Madrid à travers une exposition temporaire. Gabriele Münter sera également l’objet d’une rétrospective au Musée d’art moderne de Paris en 2025. 

Eudora Welty, quant à elle, avait pour rêve de devenir photographe. Il s’agit donc d’une approche bien différente. Ses nombreuses prises de vue du Mississippi sont le reflet d’un État pauvre et intrinsèquement raciste en ces années 30. Issue d’une famille aisée et démunie de préjugé, elle a pu immortaliser la réalité de cet État. Ses photographies sont également le vecteur d’histoires à des échelles plus individuelles ; des photographies de rendez-vous amoureux, d’emballeurs de tomates sur un conteneur, ou même de passants qui observent l’intérieur des vitrines de magasin… L’artiste a d’ailleurs déclaré dans son livre One Time, one Place “Je crois que la valeur de ces photographies n’a rien à voir avec la façon dont elles ont été prises, mais bien plutôt dans leurs sujets eux-mêmes.” 

Gabriele Münter, Eudora Welty. Au début, de la photographie confronte des photographies qui préfigurent le développement artistique de ces deux créatrices à l’apport indéniable. Le parallèle entre Gabriele Münter et Eudora Welty n’avait jamais été réalisé auparavant. Par ailleurs, cette exposition est importante en ce qu’elle rend visible deux artistes qui ont trop longtemps été laissées pour compte. 

HL

Pour plus d’informations : montpellier.fr