L’artiste Kader Attia est mis à l’honneur au MO.CO cet été à travers l’exposition Descente au Paradis du 22 juin au 22 septembre.
Ceux qui s’offusquent du trop grand nombre d’étrangers dans telle ou telle activité oublient qu’il y a cent ans ce sont les Picasso, les Modigliani, les Chagall et les Giacometti qui ont fait la gloire de la France. Aujourd’hui ce sont les Abdessemed, Afif, Atassi, les Barrada, Beloufa, Benchamma, Berrada, Bourouissa… La liste serait longue et pas seulement d’origine africaine. Le MO.CO. a choisi cette année Kader Attia dont les musulmanes en prière, de feuilles d’aluminium vêtues, sous le titre de Ghost, avaient naguère frappé l’attention. Tout comme cette Machine à rêves, à tous les produits de consommation, estampillés Halal (Musée Histoire et Culture de l’Immigration). Même s’il ne saurait résoudre tous les problèmes, l’art est également sensible au politique. C’est le signe des temps. Nos civilisations n’en ont pas fini d’en découdre avec le péché de colonisation que n’exhibent que trop nos prestigieux musées. Kader Attia est ainsi un artiste engagé à la recherche de réparation, ce dont témoignent maintes œuvres pansées, de résine par exemple, sur plats en terre cuite, verticalisés pour la circonstance. Pensons à ces calebasses restaurées que l’on découvrira lors de cette exposition. Les œuvres proposées, inédites (Le film Pluvialité, tourné en Thaïlande) ou anciennes (Les grilles reconstituées d’un camp, dans On n’emprisonne pas les idées) se déploient en s’adaptant aux trois niveaux du lieu, selon un mouvement descendant, sur le principe des pluies qui ravinent justement, avant réparation. D’où ce titre paradoxal qui tient du pari fou : Descente au paradis. Kader Attia, prix Marcel Duchamp, travaille un peu tous les supports : la sculpture (Mirrors and masks, dont le titre définit bien le propos), l’intervention murale – Démo(n)cracy, au néon – ou installations, à l’instar de ce ballet suspendu de prothèses en tous genres (On silence) conçue par cet artiste qui, à ses débuts, ressuscitait, en photographie, les gueules cassées de la Grande Guerre. Tout se répare en ce monde, encore faut-il ne pas nier la plaie…
BTN
Pour plus d’informations : moco.art
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