En quelques décennies l’ARPAC aura vu défiler tellement d’artistes que l’on se prend à rêver d’un catalogue qui les inclurait tous. Martine Saurel s’est fait connaître comme glaneuse de choses perdues et retrouvées, dans la Nature ou au coeur de nos milieux urbains. Elle recourt volontiers à la boite, un support creux et compartimenté, qui n’exclut en rien l’exposition murale.
La présentation peut s’avérer spectaculaire, un vrai « dédale » très coloré, quand il s’agit de collecter des images dans le centre iconique des grandes métropoles, Berlin par exemple. Je pense à ce domino géant, au cheminement dont il rend compte. Ou à cet édifice tirant davantage sur la verticale, fragile et instable. Inversement, le propos peut s’avérer sobre, quelques galets ou cailloux, comme dans la bohème de Rimbaud, un lacet ou une corde, un arc en corne ou bois, et voici la fenêtre ouverte sur un imaginaire capable, par métonymie, ou référence aux règnes, de susciter de multiples essors. Un mode d’emploi permet de combiner ces choses récupérées. On pense à un jeu avec l’archéologie, un retour aux sources, de l’enfance, de l’humain et de l’art.
Le couvercle est également présenté : le plumier est toujours ouvert, comme en récréation. Dans un esprit toujours intimiste, Martine Sauret fait également voyager des cuillères, sur le site, le pays ou le mur où elle les expose, sur une sorte de nappe en guise de tapis volant. Leur accumulation et déplacement vaut pour une véritable émancipation que l’on devine poétique. N’est-ce pas la faculté de la Poésie que d’associer des images dans un esprit de concentration, de métaphore ? D’où la présence de livres d’artistes, et de titres qui en disent longs : Les nourritures de feu.
Enfin, Martine Saurel dessine et illustre, de même qu’elle recourt, par assemblage, directement au volume. Je pense à ses masques inédits. C’est dire si elle a plusieurs cordes à ses arcs…
BTN
Jusqu’au 29 octobre à l’ARPAC – 511, route de la Pompignane à Castelnau-le-Lez (34). Tél. 04 67 79 41 21.