Bocaj est en train de s’imposer petit à petit comme Le peintre montpelliérain emblématique de sa génération. Son univers est avant tout pictural, figuratif même, et parfaitement identifiable parmi les nombreuses productions du même style. Ses tableaux sont en majeure partie consacrés à la Femme, que j’écris avec une Majuscule car il s’agit de l’unique objet de son sentiment.

La chair n’est jamais triste pour qui n’est point mal armé. L’artiste est une sorte de Don Juan qui ne saurait s’attacher à un modèle ou plutôt une image sans songer, l’affaire conclue, le tableau réalisé, à la suivante. La présence du noir et blanc pervertit quelque peu la facture hyperréaliste de la surface. En fait, c’est moins la femme réelle, qui intéresse Bocaj, que celle dont les magazines ont fini par idéaliser l’apparence, régulant les codes et standardisant les attitudes. C’est assez dire si ses œuvres peuvent se lire au second degré. Bocaj peint des images. Dans celles-ci, la femme s’impose par sa beauté provocante, par ses charmes généreusement exhibés, sa jeunesse temporaire qui devient donc éternelle. Dans la série montrée à l’Espace Bagouet, on remarquera toutefois des visages cernés de fleurs, comme si l’artiste avait voulu proposer une autre vision du voile, une sorte de printemps dont on n’ose plus prononcer le nom, si j’ose déjà trop dire.

Sinon, le fond est souvent décoratif, fait de toutes les têtes connues que le peintre aime figurer : des stars de la peinture (Picasso, Dali, Bazille, présent au musée Fabre), du cinéma (Bogart), de la ménagerie (le cochon, très humanisé chez Bocaj). Les tableaux célèbres sont également sollicités, le peintre se situant manifestement dans l’Histoire d’un genre. Sauf qu’aux madones de la Renaissance, il substitue des bombes d’aujourd’hui, auréolées et coiffées d’une pieuvre.

Car la fantaisie caractérise cet artiste, qui a su, à force de persévérance, imposer sa patte inimitable. Un triptyque résume l’ensemble, reprenant la plupart des figures féminines contemplées.

BTN

Jusqu’au 18 septembre.
Esplanade Charles de Gaule. Tél. 04 67 66 88 91.