Francesca Caruana nous a habitués à des installations audacieuses, s’articulant autour des lignes d’horizon ou du niveau de la mer. D’autre part, elle intègre toujours des matériaux inattendus tel l’os, ou l’igname, toujours en explorant les vertus de l’épissure ou des cordages en général.

Pour cette occupation temporaire d’un lieu historiquement très connoté, notamment pour son statut de citadelle, ou de prison, elle a cru bon de multiplier les assaillants en de- mandant à quatre poètes (dont notre ami Skimao et le plasticien Pierre Tilman) de rythmer ses interventions de mots forts (Alain Freixe), de mots colorés (Tilman), de mots à références culturelles (Skimao) et de mots chocs (Alain Pottier)… Même si elle s’adonne à des jeux de langage, la partie plastique assurée par Francesca Caruana est composée de peintures renvoyant à l’éternelle belligérance humaine, notamment de boucliers, tout en mouvement et impatience d’en découdre, ou de casques.

L’activité picturale ou poétique ont en effet ceci de commun qu’elles luttent en général contre les préjugés, la pensée de masse, les habitudes visuelles ou culturelles. Et puis, à l’instar de Jacob avec l’ange, l’art suppose une lutte avec soi-même, ses blessures, ses maux. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de retrouver dans les bricolages spatiaux de l’artiste des outils agressifs tels que la flèche ou le couteau. Cette agressivité a bien été ressentie par quelques énergumènes qui ont détérioré les œuvres, car détruire est le fait du barbare et du médiocre.

Par ailleurs, Francesca Caruana est sensible aux rapports de l’homme avec la nature, notamment quand il entretient un rapport de violence envers elle. C’est ce qui explique la référence à la tauromachie. « Une Tête de guerrier », d’Ernest Pignon, prêtée par la Galerie Oms, vient compléter l’ensemble.

BTN

Jusqu’au 4 septembre Château royal de Collioure. Tél. 04 68 82 06 43.