On va moins, le plus souvent, à la Vigie pour voir un artiste que pour se rendre compte de la façon dont il a géré un lieu, lequel lance un défi à qui s’y mesure. Ce sera d’autant plus le cas pour ce No limit 12, réservé à Alain Doret, que l’artiste est un dévoreur d’espace et un maître es installation.
Depuis 20 ans, cet artiste s’est constitué un vocabulaire tout à part soi, fait de formes qu’il nomme pertinemment F3D, et qui hésite entre l’abstraction et l’objet plus ou moins caché, plus ou moins technique, et par là même laissé pour compte. Un peu comme le pop art mais en infiniment plus discret : certains objets méconnus, relevant d’activités ingrates, ne pourraient-ils constituer des formes indéfinissables, mais exploitables plastiquement ? Doret les réalise en volume, accrochés au mur, en fait le sujet de certains tableaux à l’huile, où il revisite la peinture illusionniste de la Renaissance, les dématérialise pour les décliner en dessins muraux.
L’espace de la Vigie constitue une gageure spatiale, car la configuration même des pièces, et leur superposition au fil des étages, favorise les effets de surprise. D’autant que l’oeuvre de Doret n’est pas seulement en relation avec l’architecture. Elle s’inscrit dans un espace historique et culturel, l’Art occidental, qu’elle ne se prive pas de solliciter au besoin.
BTN
Jusqu’au 21 janvier à La Vigie – 32, rue Clérisseau à Nîmes (30). Tél. 04 66 21 76 37.