Annie Got et Sylvie Lacoste n’en sont pas à leur premier essai puisqu’on avait pu découvrir, naguère leur intervention très appréciée dans ce même espace lunellois, une ancienne chapelle de religieuses qu’elles avaient temporairement ressuscitées. Elles reviennent, avec pour pré-texte une réflexion plastique sur le temps, dont le titre est quelque peu inspiré d’un poème d’Aragon.
L’expo est le fruit d’une conception, d’une collaboration et d’une réalisation commune, même si chaque artiste conserve sa particularité. Sylvie Lacoste travaille des tiges d’acier dont elle confectionne de fines silhouettes, plantées ensuite dans un bloc. Il s’agit des gens, dans leur commun anonymat, sur lesquels pèse le fardeau du temps qui est également celui de la vie, le temps des horloges, dans le chœur.
On les retrouve dans des dessins très stylisés, fins, tendus qui proviennent des ombres de sculpture. Car nous sommes tous destinés à devenir des ombres, comme en la mythologie antique.
Le travail pictural d’Annie Got est plus en épaisseur, proche du palimpseste, autre façon de considérer le temps mémoriel. Les spectateurs peuvent livrer à un jeu interactif sur la base d’une triade : Construction, déconstruction, reconstruction. Ce qui suppose en effet du temps. Le long des murs, cartes, grilles et pavés ressuscitent le Lunel du 19ème, 36 lavis des cadastres aériens du village, le réfectoire étant plutôt voué aux grands formats : Les pas, comme dit Valéry.
Un tierce comparse se glisse, de ces vidéos, sticks sur miroir ou installation ciblée entre peintures, dessins, palimpsestes et sculptures : Mathieu Caussé, ses cœurs et obscurcissements, qui ajoutent une note plus actuelle, et dynamique, parmi les disciplines traditionnelles. Une expo pour les lunellois certes, et bien au-delà car le temps nous concerne tous.
BTN
Du 1er au 21 septembre
48, Bd Lafayette. Tél.0467878419.